Tel un étranger sur la terre des hommes ( Ps. 118,3-19 )
La compassion de Dieu pour l'humanité est telle qu'Il tolère nos constructions, nos Babèls, nos chateaux de cartes, notre éternel besoin de jouer au Légo..... Notre état d'enfance humaine qui en revient perpetuellement à son besoin de sécurité.
Rien n'est plus difficile pour l'homme que de se savoir "de passage".
On bâtit ainsi des énormes villes, des énormes monastères, des clans, des sectes où l'on "se fait chaud" l'un à l'autre. La déréliction fatale de l'être humain a été élue à son pire ennemi.
On a besoin de se sentir en sécurité, même si tout être qui sait rester lucide connaît sa propre
inéluctable fragilité: seulement les esprits aveuglés par l'Adversaire oublient leur état de mutabilité : "Vous serez comme Dieu" (Genèse).
La merveille chrétienne, la Bonne Nouvelle de l'Incarnation révèle pourtant ce regard d'Amour
Originel qui se vide de Soi pour se faire UN avec la créature et ainsi la pénétrer, l'épouser et la convier aux Noces de la divinisation par l'Esprit. Et le langage de cet Amour traverse la chair par le pont de sa fragilité, de son état de passage, par son inevitable précarieté. Il la revêtit de Sa Gloire, il devient Lui-même sa robe de Noces. Comme le dit Paul mieux que personne:
"Dieu a choisi ce qui est faible dans ce monde
ce qui est fou dans ce monde
ce qui est vil et meprisé
et ce qui n'est point
pour réduir à rien les choses qui semblent être"
Dieu nous aime tellement qu'il nous donne de temps au autre des vrais sages, des créatures qui sont chargées de marcher, de creuser des sillons dans la planète, de s'habiller de cet Pélérin, de cet Etranger que nous tous devons rester au fond de nous.
Car passe, la figure de ce monde. J'aime les pélérins, les fous de Dieu, les bohèmiens du Christ.... Les Gens du Voyage. Je suis une d'entre eux.