lundi 24 novembre 2008

Aimer ses ennemis

Aimer ses ennemis:
impossible sans avoir appris à connaître et à aimer l'ennemi en soi-même.

Le meurtrier, le traître, le loup:
reconnaître ses visages là, dans les territoires sauvages de nous-mêmes

là où la blessure Originelle nous guette.

C'est dans ces lieux désolés que l'Adversaire rencontre l'espace creux
qui donne un écho au son de sa voix.

Ce sont ceux-là les ENFERS où le Christ est descendu
en empoignant la victoire Pascale de l'Amour

Dans nos enfers, la Lumière du Ressuscité demande à être crue, reconnue.

"Pierre, m'aimes-tu?"

Toi qui maintenant es mis face à face avec l'autre traître, celui qui s'est pendu
parce que son orgueil l'a empeché de croire à ce même regard d'amour
que Je pose maintenat sur toi:

m'aimes-tu?
M'aimes-tu au creux même de ta chute?

"Seigneur
tu sais que je t'aime".


Face à face avec mon ombre
je l'assume

et je te la donne
Seigneur
pour que Tu la pénètres
avec l'étendard de Ta victoire Pascale.


C'est la Nouvelle Création qui commence
aussi bien en moi
que dans l'Univers
auquel je suis indissolublement liée.


dimanche 9 novembre 2008

Ceux qui sont seuls

Seigneur, donne-moi ceux qui sont seuls
et ne savent pas que la solitude est une porte
et pas une cage.

Seigneur, donne-moi ceux qui sont seuls
et échappent au rendez-vous avec eux-mêmes
en remplissant leur vide par des bruits
en mendiant à la porte du néant
des nouvelles mensonges pour oublier leur solitude.

Seigneur, donne-moi ceux qui sont seuls

pour qu'ils se tournent vers l'Autre
qui les attend, silencieux
dans l'espace vide du miroir.

Seigneur, donne-moi ceux qui sont seuls.

lundi 3 novembre 2008


As-tu compté mes pas, mon Bien-aimé

as-tu compté mes blessures et mes plaies?


As-tu rempli ma main vide, mon Bien-Aimé

as-tu chauffé mes os glacés?


Où es-Tu, mon Bien-Aimé?


Je refuse tout repos

je Te cherche


je marcherai, oui


avant que ne se lève la brise du soir

et que les ombres ne s'allongent


il n'y a pas de fin


que des nouveaux commencements.


A jamais les mains vides

à jamais en marche

à jamais suivant Ta trace


Oh Divine Splendeur

qui pour moi deviens à chaque jour

mendiant et pain.

Tel un étranger sur la terre des hommes ( Ps. 118,3-19 )


La compassion de Dieu pour l'humanité est telle qu'Il tolère nos constructions, nos Babèls, nos chateaux de cartes, notre éternel besoin de jouer au Légo..... Notre état d'enfance humaine qui en revient perpetuellement à son besoin de sécurité.

Rien n'est plus difficile pour l'homme que de se savoir "de passage".


On bâtit ainsi des énormes villes, des énormes monastères, des clans, des sectes où l'on "se fait chaud" l'un à l'autre. La déréliction fatale de l'être humain a été élue à son pire ennemi.


On a besoin de se sentir en sécurité, même si tout être qui sait rester lucide connaît sa propre

inéluctable fragilité: seulement les esprits aveuglés par l'Adversaire oublient leur état de mutabilité : "Vous serez comme Dieu" (Genèse).


La merveille chrétienne, la Bonne Nouvelle de l'Incarnation révèle pourtant ce regard d'Amour

Originel qui se vide de Soi pour se faire UN avec la créature et ainsi la pénétrer, l'épouser et la convier aux Noces de la divinisation par l'Esprit. Et le langage de cet Amour traverse la chair par le pont de sa fragilité, de son état de passage, par son inevitable précarieté. Il la revêtit de Sa Gloire, il devient Lui-même sa robe de Noces. Comme le dit Paul mieux que personne:

"Dieu a choisi ce qui est faible dans ce monde

ce qui est fou dans ce monde

ce qui est vil et meprisé

et ce qui n'est point

pour réduir à rien les choses qui semblent être"


Dieu nous aime tellement qu'il nous donne de temps au autre des vrais sages, des créatures qui sont chargées de marcher, de creuser des sillons dans la planète, de s'habiller de cet Pélérin, de cet Etranger que nous tous devons rester au fond de nous.

Car passe, la figure de ce monde. J'aime les pélérins, les fous de Dieu, les bohèmiens du Christ.... Les Gens du Voyage. Je suis une d'entre eux.